À la fin de l’été 2007, je me suis installée encore plus en retrait, dans une petite maison en forêt au Lac-Saint-Charles, avec mon nouveau conjoint. Cet isolement, à la fois géographique et intérieur, a marqué un tournant dans mon travail artistique. J’ai continué à peindre, mais dans un espace très différent : un sous-sol, avec une dalle de béton froide sous les pieds et très peu de lumière naturelle.
Je me suis tout simplement demandé ce qu’il resterait si je retirais les repères figuratifs de mes tableaux. C’est ainsi que j’ai amorcé une transition vers la peinture abstraite, centrée sur le geste et la couleur. Abandonner la figuration, c’était aussi, pour moi, renoncer à la forme comme cadre contraignant, qui emprisonne la couleur. Il s’agissait alors de libérer la couleur, le geste et la matière.

Voici le premier tableau que je considère comme véritablement abstrait, c’est-à-dire affranchi de la figuration et de la forme. Le geste y est d’abord régulier, saccadé, composé de petites croix, dans un mouvement maîtrisé.
Titre inconnu, 2008 – l’œuvre mis en consigne et sa localisation actuelle est inconnue.

Étape 1 : Travail en cours
Étape 1 : Travail en cours
Étape 2: recherche de profondeur
Étape 2: recherche de profondeur
Un geste quin s'adoucie pour éventuellement former des taches
Une fois la figuration abandonnée, le geste est devenu questionnement. Mais comment manipuler le pinceau sans savoir ce que l’on peint ? Cette approche impose un geste spontané, intuitif. Les premiers gestes étaient pourtant ordonnés, presque mécaniques, souvent sous forme de petites croix.
C’est un véritable défi : dans une approche figurative, le geste est guidé par l’image. Ici, on se lance dans le vide, à la recherche de ce qui n’existe pas encore. Cette exploration s’est révélée exigeante, car elle implique de renoncer à ses repères visuels pour plonger dans l’inconnu, tout en conservant l’intention de créer une œuvre d’art.
Peu à peu, le geste s’est fait plus fluide. Finalement, la couleur a commencé à émerger du mouvement lui-même, prenant forme dans le sillage du geste.
Il est important de noter que je fais cete analyse après coup.  Le tout s'est déroulé intuitivement. 

Dyptique - décomposition de la structure

Tryptique décomposition de la structure. 

Le geste crée la forme
Cett réponse s’est fait sentir lors d'une exploration en parallèle, qui prendra par la suite une certaine ampleur : celle des états humains.
Inspirée par la condition humaine, j’ai voulu peindre un premier tableau sur les horreurs de la guerre. J’ai donc demandé à mon conjoint de prendre certaines poses, et pour les traduire en peinture, j’ai instinctivement procédé en formant d’abord des taches grossières représentant l’ombre du personnage, avant de rehausser certaines sections.

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