2006-2007 Une approche impressionniste de la nature environnante
Je suis finalement retournée à Québec, ma ville natale, au printemps 2006. Le centre d’art communautaire avait fermé ses portes et je devais rembourser mes dettes d’études. Rentrer signifiait quitter un mode de vie où la nature et la simplicité étaient omniprésentes, pour me plonger dans un monde plus structuré, bétonné et artificiel. Travailler, c’était être enfermée dans une tour à bureaux, assise devant un écran, entourée de panneaux acoustiques, de lumière artificielle, d’air climatisé — et ce, en plein été. Mon corps était au Québec, mais mon âme était restée dans le Sud.
Après cinq ans de voyage, le choc a été brutal. Ce qui m’a peut-être le plus marquée, c’est cette séparation nette entre la vie intérieure et la vie extérieure, largement imposée par le climat. Le mode de vie dans la forêt tropicale est plus fusionnel, et cette séparation y est nettement moins franche. Dans la forêt, les femmes balaient directement la poussière des maisons vers l’extérieur, le compost est jeté par la fenêtre, et j’ai même vu des gens nettoyer leur plancher avec un boyau d’arrosage. Lors de grands orages, j’ai vu l’eau de pluie remonter dans les toilettes, et des murs en tôle laissaient entrevoir le jour à travers le passage de la tuyauterie. La maison et la nature ne faisaient qu’un. Vivre avec les serpents, les fourmis, les scorpions, les singes faisait partie du quotidien.
Peindre la nature : un impératif
À mon retour, j’ai continué à fabriquer des colliers et à faire de la poterie, mais j’ai surtout continué de peindre. J’ai commencé par un souvenir : une photo de voyage prise en Thaïlande, que j’ai rapidement vendue.