Désolée pour la piètre qualité de certaines photos de cette page, c'est tout ce que j'ai!
Dans ma pratique sculpturale, je me sens plus proche du modelage, du façonnage et du moulage. J’aime travailler la matière avec les mains, explorer les volumes, superposer, assembler, transformer — sans nécessairement chercher la perfection, mais plutôt une présence, une énergie.
Sur cette page, je vous présente quelques œuvres sculptées que j’ai créées au fil des années. Elles témoignent d’explorations libres, souvent intuitives, parfois brutes, parfois plus détaillées, selon les périodes et les matériaux.
L'homme de paix
Cette sculpture en argile a été réalisée en 2013, à une période où j’explorais plus intensément le corps humain, sa force, sa vulnérabilité, et ce qu’il raconte au-delà des mots. Le modelage de cette œuvre a été un moment de grande intériorité. J’ai cherché à rendre une posture d’ouverture, de calme et de présence.
Les mains tendues, ouvertes vers l’autre, incarnent un geste de don, d’accueil, ou peut-être de reddition paisible. Le torse, solide et enraciné, contraste avec la souplesse des bras. C’est une œuvre à la fois physique et symbolique.
La pièce a été entièrement modelée en argile, puis moulée pour la stabiliser et la préserver. Elle marque un tournant dans ma pratique, où la sculpture est devenue un prolongement naturel de mon travail d’observation du vivant.







Collection Renaissance
Mon intérêt pour la sculpture et la matière m’a naturellement conduite, en 2017, à créer la collection Renaissance. Cette série est née d’une exploration intime des éléments fondamentaux — pierre, bois, air, eau — et de la manière dont ils peuvent dialoguer avec la forme humaine dans un espace de transformation.
Au cœur de plusieurs œuvres, on retrouve une petite figure en position fœtale, délicate, vulnérable, comme suspendue entre ce qui fut et ce qui pourrait émerger. Cet être, replié sur lui-même, semble à la fois protégé et en attente. Il est souvent placé dans un environnement très épuré, dominé par de larges blancs symboliques, où les matières naturelles sont présentes, parfois discrètement, mais toujours puissamment.
Renaissance évoque l’instant fragile et magnifique qui précède l’ouverture, le passage, le souffle nouveau. C’est une collection qui parle d’émergence, de dépouillement, de retour à l’essentiel.





L'esprit du poisson
Réalisée en 2020, L’esprit du poisson est une œuvre hybride, à mi-chemin entre la sculpture murale, l’assemblage et la peinture intuitive. Cette création explore le lien entre l’esprit et la matière, entre l’invisible et le tangible.
Composée de moulages de plâtre, de fil de pêche, de morceaux de métal, de branches, d’aquarelle faire à la main et d’autres matériaux récupérés, l’œuvre propose une lecture poétique et fragmentée de l’univers aquatique. Les éléments suspendus ou projetés en relief sortent littéralement de la surface pour venir à la rencontre du spectateur.
L’univers du poisson y est évoqué non pas de manière réaliste, mais comme une présence symbolique, libre, fluide, parfois espiègle. Il devient un vecteur de mouvement, de sensibilité, d’intuition – une figure de passage entre deux mondes.



The Warrior of the Land
Créée en 2021, The Warrior of the Land s’inscrit dans la continuité de mes œuvres-assemblages où cohabitent matière brute, gestes picturaux, et puissance symbolique. Comme un écho à la voix de la Terre, cette œuvre prend la forme d’un gardien hybride — mi-cerf, mi-oiseau, mi-esprit — veillant sur les paysages menacés.
Réalisée avec des plumes, pierres naturelles du Québec, éléments métalliques, papier fait main, et pigments naturels, l’œuvre mêle force et délicatesse, ancestralité et conscience contemporaine. Elle évoque une figure totem, enracinée dans les traditions autochtones du territoire, sans les reproduire, mais en les évoquant avec respect, comme un souffle, un murmure.
La peinture est sous verre, encadrée dans un bois de chêne naturel, renforçant l’idée d’un sanctuaire fragile qu’on observe à travers une vitre, comme on le ferait pour une forêt menacée ou une culture en péril.
The Warrior of the Land nous rappelle que la nature n’est pas silencieuse. Elle a ses défenseurs, visibles ou invisibles — et parfois, ce sont les artistes qui les révèlent.



Canada is not for sale
Créée en 2025 sous l’impulsion d’un appel lancé par l’émission Infoman, cette œuvre s’inscrit dans une démarche artistique à la fois engagée et satirique. Elle répond à l’idée absurde mais symboliquement puissante d’un Canada absorbé comme 51ᵉ État des États-Unis.
Au centre de l’installation, un bâton vertical et inébranlable émerge d’une véritable boîte de munitions canadienne datée de 1954, estampillée Forcite. Il symbolise la résilience du Canada, profondément enraciné dans son histoire et sa souveraineté.
Autour de lui, 50 morceaux de bois recouverts d’aluminium représentent les 50 États américains — fragiles, instables, croulant sous une neige canadienne. Ils font écho à la dépendance des États-Unis envers nos ressources naturelles, comme l’aluminium, sur lequel ils ont imposé des tarifs pour tenter de nous déstabiliser. Ces bâtons sont coiffés de métal, comme des mèches de dynamite, allégorie d’une tension explosive nourrie par une frustration géopolitique.
Le bâton central, rongé par un castor et enveloppé de cuir rouge provenant de Wendake, incarne l’identité canadienne — une identité façonnée par le territoire, la mémoire et les racines autochtones.
Devant une pente de ski miniature, on aperçoit un fragment de glace, moulé à partir d’un pot Mason — symbole de préservation, d’autonomie, et de résistance douce mais ferme. Le pot Mason, emblème du foyer canadien, évoque la capacité de ce pays à conserver ses ressources et ses valeurs, même sous pression.
La boîte, initialement marquée 50 lbs, a été détournée pour afficher “50 STATES”, transformant un simple objet militaire en déclaration politique sur l’influence américaine et les tentatives de dilution de notre identité.





Le delta
Cette sculpture a été créée en 2019, dans le cadre d’une action créative liant art et recherche scientifique. Le projet m’a amenée à collaborer avec un géologue spécialisé dans l’étude des deltas, ces zones de rencontre entre l’eau et la terre, entre mouvement et sédimentation.
Inspirée par ces dynamiques naturelles, j’ai conçu une œuvre évolutive : j’ai laissé couler de l’eau sur de l’argile, laissant les forces physiques – l’érosion, le ruissellement, les dépôts – façonner lentement le paysage sculpté. Au lieu de sculpter la forme de mes mains, j’ai laissé la nature elle-même créer, en miniature, ce qui ressemble à un delta réel.
Le résultat est une pièce sensible, entre contrôle et lâcher-prise, entre science et geste artistique.
Elle nous invite à observer la matière autrement — non pas comme quelque chose à maîtriser, mais comme une partenaire silencieuse de création.
Elle nous invite à observer la matière autrement — non pas comme quelque chose à maîtriser, mais comme une partenaire silencieuse de création.
🎥 Une vidéo de l’action et du processus est disponible pour celles et ceux qui souhaitent en savoir plus sur la démarche et la collaboration interdisciplinaire qui a mené à cette œuvre.


